La différence entre un comparateur de prix et une market place n’est pas tant dans le mode de rémunération- à la commission pour les markets places et au clic pour les comparateurs – que dans le niveau de dépendance du e-commerçant.

Une market place est un site sur lequel le e-commerçant peut vendre directement ses produits (Amazon, ebay, priceminister…), un comparateur de prix lui va se contenter de rediriger les visiteurs sur le site du e-commerçant.  Avec une market place la dépendance est totale, avec un comparateur beaucoup moins.

Quand un comparateur de prix commence à encaisser les paiements, à arbitrer les litiges entre vendeurs et acheteurs, à juger les performances des commerçants et même à s’occuper de la livraison, c’est qu’il se transforme doucement mais sûrement en market place. C’est ce qui arrive actuellement à Google shopping.

Les markets places rendent les e-commerces dépendants et sous contrôle.

Avec les markets place la dépendance est totale :

– le client ne paye pas directement le e-commerçant mais la market place qui lui reverse l’argent une fois la commission déduite.

– en cas de litige, la market place s’érige en juge et n’hésite à prendre parti pour le client et à rembourser ce dernier au détriment du commerçant.

– la market place a un droit de regard sur les performances de l’e-commerçant : commandes en retard, nombres de litiges, durée de réponses des mails…  et n’hésitera pas à fermer le compte d’un e-commerçant dont elle considère que les performances ne sont pas satisfaisantes.

– certaines market place comme Ebay peuvent même exiger des factures d’achats des produits vendus par l’e-commerçant et/ou l’adresse de son fournisseur.

– d’autres comme Amazon proposent de gérer le stockage et l’expédition des produits des sites e-commerces qui  vendent sur sa market place.

Avec les comparateurs de prix, l’e-commerçant est beaucoup plus libre puisque le visiteur est redirigé directement sur son site.

Google met en place les outils de contrôle et de dépendance d’une market place

Le comparateur de prix où la liberté est la plus grande est Google shopping dans la mesure où il est entièrement gratuit. On peut y envoyer tout son catalogue produit, sans réfléchir. Les visiteurs qui y proviennent y sont particulièrement ciblés et donc le taux de transformation et les ventes sont au rendez-vous.

Pourtant tout cela est en plein changement, après avoir su proposer un outil totalement gratuit pour le plus grand bonheur de tous, Google prend un virage à 180° et semble être en train de mettre en place tous les outils de contrôle et de dépendance d’une véritable market place.

Aperçu de ce qui a déjà été mis en place et de ce qui est prévu pour bientôt :

1 – 2010, Google lance Google shopping le premier comparateur de prix totalement gratuit.

2 –  2011, Google dégrade le classement des autres comparateurs de prix  dans ses résultats de recherche. (cf. Google panda).

3 – Google shopping  devient payant aux Etats-Unis le 15 aout 2012 et en France d’ici début 2013.

4 – Google incite indirectement les e-commerçants à utiliser sa plateforme de paiement Google Checkout.

En effet, depuis quelques temps sur Google.com, la recherche de produits propose un nouveau filtre aux côtés de “Livraison gratuite” et “articles neufs”. Ce filtre, s’intitule “Google portefeuille”.

Qu’est-ce que Google portefeuille ?  Voici la définition donnée par Google sur son support d’aide :

“Les informations de votre carte de paiement sont stockées en toute sécurité dans votre compte Google, de façon à vous éviter de saisir vos informations de facturation et de livraison à chaque nouvel achat en ligne. Lorsque vous effectuez un achat auprès d’un marchand en ligne proposant le service Google Portefeuille, vous pouvez effectuer un paiement rapide en vous connectant à Google Portefeuille.”.

Plus loin, on apprend que si on est marchand et que l’on souhaite proposer Google portefeuille à ses clients, il faut utiliser Google Checkout sur son site e-commerce.

Cela signifie donc que les sites e-commerces qui utilisent Google Checkout (au lieu de paypal par exemple) bénéficieront d’une plus grande visibilité sur Google Shopping, puisque seul leurs résultats apparaîtront pour les utilisateurs ayant coché le filtre Google portefeuille. Je parle au futur puisque ceci est actuellement en place sur Google.com et devrait vraisemblablement arriver sur Google.fr

5 – L’annonce que Google shopping allait devenir payant s’est accompagnée de la sortie de “Google Trusted Stores program” qui est un programme de notation de performance des marchands. Ce programme est gratuit et facultatif pour les e-commerçants, ceux qui y souscrivent bénéficient d’un badge de confiance de Google à apposer sur leur site marchand afin de rassurer les visiteurs sur la qualité des prestations offertes. Google s’engage à intervenir en cas de litige entre un acheteur et un marchand possédant le badge.

6 – Google a enfin pour projet de se lancer dans la livraison en gérant l’expédition des colis des marchands (tout comme Amazon avec son programme expédié par Amazon). C’est Wall Street Journal qui révéla cette info en décembre 2011.

Ces 6 points montrent bien que Google entend gérer le e-commerce de bout en bout : paiement, gestion des litiges, notation des performances des vendeurs, gestion des expéditions… ce qui fait clairement penser au système mis en place par Amazon avec sa market place. Un système dans lequel le e-commerçant est dépendant à tous les niveaux.

Si pour le moment, les services proposés par Google sont facultatifs, cela pourrait bien évoluer par étape : en favorisant dans un premier temps les sites e-commerces qui utilisent ses différents services. Ainsi Google pourra par exemple mettre en avant les sites utilisant à la fois Google Checkout, Google Trusted Stores et ayant confié la livraison de leurs commandes au “moteur de recherche” (avec des guillemets), puis si une majorité de sites y adhérent, pourquoi pas rendre obligatoire l’utilisation de ces dits services (excepté la livraison) pour apparaître sur Google shopping.

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